STTP - 2013-02-26 - « Idle no more » : le point de vue de trois consœurs du STTP (La Rose - mars 2013)

« Idle no more » : le point de vue de trois consœurs du STTP (La Rose - mars 2013)

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Mardi 26 Février 2013
Volume 15, numéro 1, mars 2013
 le point de vue de trois consœurs du STTP (La Rose - mars 2013)

Voici le point de vue de trois consœurs du STTP qui participent activement au mouvement « Idle no more ». Il s’agit de Darlene Kaboni, de la Première nation de Wikwemikong, de Dodie Ferguson, de la Première nation de Cowessess, et de Diane Mitchell, originaire d’Ottawa et d’ascendance métisse.  

De quoi s’agit-il exactement?  

Le mouvement « Idle no more » a vu le jour en novembre dernier. Partout au pays, il a donné lieu à des initiatives originales et à des manifestations dénonçant la loi C-45 (loi budgétaire omnibus du gouvernement Harper), ainsi que plusieurs autres lois qui ont, elles aussi, une incidence sur l’environnement et les droits prévus dans les traités. 

« Si vous vous préoccupez de l’environnement et de la qualité de l’air et de l’eau, le droit autochtone est tout ce qu’il nous reste pour les protéger », a déclaré la consœur Mitchell.    
La loi C-45, qui fait 457 pages, modifie la Loi sur les Indiens, la Loi sur les pêches, la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale et la Loi sur les eaux navigables. Elle témoigne d’un mépris total pour les droits prévus dans les traités et les protections environnementales.

Ces changements législatifs ont mobilisé en grand nombre les Premières nations, qui se voient comme des gardiens de la terre. « Selon notre culture, nous ne faisons qu’habiter cette terre, elle n’est pas à nous, elle ne nous appartient pas », a soutenu la consœur Ferguson. « Nous avons la responsabilité de la maintenir en santé et de voir à son bien-être », a-t-elle ajouté.     

Dans quelle mesure les femmes participent-elles au mouvement?  

Le mouvement « Idle no more » a été lancé par quatre femmes de la Saskatchewan : Nina Wilson, Sylvia McAdam, Jessica Gordon et Sheelah McLean, qui ont animé, en novembre dernier, un séminaire sur le projet de loi C-45. Les femmes demeurent les chefs de file du mouvement.

Selon la consœur Ferguson, les femmes ont toujours joué un rôle essentiel dans la culture des Premières nations. « Avant l’arrivée des Européens, les sociétés autochtones étaient matrilinéaires, c’est-à-dire que les liens de filiation passaient par la mère. » La colonisation par les Européens est à l’origine du patriarcat chez les Premières nations.

« De plus, les femmes des Premières nations dénoncent depuis toujours les injustices », a déclaré la consœur Kaboni. « Par exemple, elles ont dénoncé les dispositions racistes et patriarcales de la Loi sur les Indiens qui privaient de son statut d’Autochtone toute femme qui se mariait avec un non-autochtone. »  

Pourquoi le mouvement « Idle no more » concerne-t-il toute la population du pays?    

Nos trois consœurs font remarquer que le mouvement suscite des conversations dans les lieux de travail et dans les collectivités. « S’il y a des choses que vous voulez savoir, posez des questions », a déclaré la consœur Kaboni. « Posez des questions et arrêtez de sauter aux conclusions sans avoir d’abord cherché à vous renseigner. Chaque question trouve sa réponse. »

Un grand nombre de voix et de mouvements progressistes manifestent leur appui au mouvement « Idle no more ». La consœur Ferguson fait remarquer que les membres du STTP et le public font des liens entre le mouvement et le lock-out aux postes, entre les changements législatifs visant le droit du travail et ceux qui visent l’environnement. « Des gens viennent nous voir, spontanément, et nous disent : Vous savez, nous sommes tous concernés par ces changements, et nous devrions peut-être nous joindre au mouvement. »

« Notre force s’exprime quand nous parlons d’une seule et même voix », a déclaré la consœur Ferguson. « Je suis tellement heureuse de voir que le Syndicat appuie le mouvement, et de voir que les travailleurs et travailleuses l’appuient, eux aussi, et qu’ils veulent en apprendre sur une lutte qui, depuis très longtemps, semble taboue dans les lieux de travail. »